Le triomphe de Cheikh Anta Diop au colloque international d’Égyptologie du Caire, 1974″ par Théophile OBENGA

Présentation générale

À l’Université de Dakar, Cheikh Anta Diop (1923-1986) a enseigné l’histoire ancienne de l’Afrique peu d’années avant sa disparition, suscitant des vocations dans ce domaine et guidant quelques étudiants sur la voie de la recherche en égyptologie. Dans son sillage, l’historien, égyptologue et linguiste Théophile Obenga inscrit ses travaux de recherche dans la perspective africaine ouverte par Cheikh Anta Diop. Ainsi, a progressivement émergé une communauté d’égyptologues africains dans l’espace académique universitaire à la fois africain et européen. Au cours des années 1990, Théophile Obenga aux États-Unis et Alain Anselin aux Antilles inaugurent des enseignements qui familiarisent les étudiants avec l’égyptologie. Certains d’entre eux embrasseront aussi cette discipline. Afin de contribuer à marquer le centenaire de la naissance de Cheikh Anta Diop et à inscrire l’égyptologie mondiale dans un cadre scientifique rénové, il est organisé un colloque international d’égyptologie à Dakar, du 26 au 29 décembre 2023. Dans cette perspective, il s’agit de donner un aperçu sur les recherches effectuées dans les différents domaines de l’égyptologie, incluant découvertes archéologiques et approches méthodologiques. L’accent est mis, entre autres, sur les progrès des connaissances relatives aux rapports entre la vallée du Nil et le reste du continent africain durant la préhistoire et l’antiquité. Ce colloque est également l’occasion de revisiter les travaux de C. A. Diop dans le domaine de l’égyptologie et de souligner le tournant qu’a constitué le colloque international du Caire sur « Le peuplement de l’Égypte ancienne et le déchiffrement de l’écriture méroïtique » organisé par l’UNESCO en 1974. Par ailleurs, cette rencontre suscitera divers questionnements tels que ceux relatifs à la place des civilisations nilotiques dans les programmes d’enseignement scolaire et universitaire, à l’accès aux sources documentaires, au dialogue entre la communauté égyptologique et les autres communautés du savoir : historiens, philosophes, sociologues, économistes, médecins, linguistes, spécialistes de la littérature, artistes, scientifiques… Destinée à un plus large public, une exposition illustrera, parmi d’autres aspects, les diverses continuités culturelles qui existent entre les civilisations égypto-nubiennes anciennes et les sociétés africaines contemporaines.

Colloque international d’égyptologie 26-29 décembre

Comité scientifique

Hartwig ALTENMÜLLER (Pr Dr, University of Hamburg, Germany), John R. BAINES (Pr, Oriental Institute, Oxford University, UK), Sally-Ann ASHTON (Dr Prairie View A&M University, Texas, USA), Obarè B. BAGODO (Pr, University of d’Abomey-Calavi, Benin), Mario BEATTY (Dr, Howard University, USA), Hamady BOCOUM (Pr, Black Civilizations Museum, Dakar, Senegal), El Hadj Malick DEME (Pr, UCAD, Senegal), Bintou Salouma DOUCOURÉ (Dr, UCAD, Senegal), Babacar DIOP Buuba (Pr, UCAD, Senegal), Dialo DIOP (Dr, UCAD, Senegal), Jean-Philippe GOURDINE (Dr, Lewis & Clark College, USA), Mpay KEMBOLY (Pr Dr, Loyola University of Congo and University of Kinshasa, D. R. Congo), Aboubacry Moussa LAM (Pr, UCAD, Senegal), Théophile OBENGA (Pr, Mariem Ngouabi University, Congo Republic), Yoporeka SOMET (Dr, Dedan Kimathi University of Technology Nyeri, Kenya), Aminata SAKHO-AUTHISSIER (Dr, Louvre Museum, Paris,  France), Mouhamadou Nissire SARR (Dr, UCAD, Senegal), Babacar SALL (Pr, UCAD, Senegal), Walid SHAIKH AL-ARAB (Pr, Fayum University), Christof SCHULER (Pr Dr, Deutschen Archäologischen InstitutsMunich, Germany), Mahamadou Imrane SOW (Dr, UCAD, Senegal)

Comité d’organisation



Pr. Hamady BOCOUM (MCN),
Dr. El Hadj Malick DEME (UCAD),
Dr. Bintou Salouma DOUCOURE (UCAD),
Pr. Aboubacry Moussa LAM (UCAD),
Pr. Mouhamadou Nissire SARR (UCAD),
Dr. Mahamadou Imrane SOW (UCAD), Département d’Histoire de l’UCAD,
Pr. Mpay KEMBOLY (Loyola University of Congo and University of Kinshasa, D. R. Congo),
Dr. Yoporeka SOMET (Kimathi University of Technology Nyeri, Kenya),
Dr. Cheikh M’Backé DIOP (ANKH Journal, France),
M. Jean-Paul FOUGAIN (ANKH Journal, France).

Biographie de Cheikh Anta Diop

Cheikh Anta Diop est né le 29 décembre 1923 dans le village de Caytou situé dans la région de Diourbel au Sénégal, à environ 150 km de Dakar. Après des études coraniques, primaires et secondaires au Sénégal, Cheikh Anta Diop se dotera d’une double formation supérieure en sciences humaines et en sciences exactes à Paris, en France.
Il publie en 1954, aux Éditions Présence Africaine fondées par Alioune Diop, un ouvrage retentissant, Nations nègres et CultureDe l’antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l’Afrique noire d’aujourd’hui  qui fonde les humanités africaines sur une base scientifique et dont Aimé Césaire écrira : “Nations nègres et Culture  —  [livre] le  plus audacieux qu’un Nègre ait jusqu’ici écrit et qui comptera à n’en pas douter dans le réveil de l’Afrique” (Discours sur le Colonialisme, 1955). En janvier 1960, il soutient sa thèse d’État à la Sorbonne dans le domaine de la sociologie historique, qui paraîtra en deux livres aux  Éditions Présence Africaine : L’Afrique noire précoloniale et L’unité culturelle de l’Afrique noire.
Avec ces trois premiers ouvrages, Cheikh Anta Diop fonde l’histoire scientifique du continent africain en même temps qu’il inaugure une école historique africaine.
Il retourne définitivement au Sénégal. Il est affecté à l’IFAN (Institut Français d’Afrique Noire qui deviendra plus tard Institut Fondamental d’Afrique Noire), alors dirigé par Théodore Monod. Cheikh Anta Diop se consacre en partie à l’archéologie, puis entreprend de créer un laboratoire de datation par le Carbone 14 (radiocarbone) au sein de l’IFAN.
Par une Note de Service en date du 17 avril 1963, Théodore Monod officialise, au sein du Département d’Archéologie et de Préhistoire de l’IFAN, l’existence du “Laboratoire de Datation par le Radiocarbone” dont le responsable est Cheikh Anta Diop.
En 1966 le laboratoire devient pleinement opérationnel avec la livraison, grâce au Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) du Centre d’Études Nucléaires de Saclay en France, de l’ensemble transistorisé de comptage de la radioactivité, “RA14” de la société Intertechnique.
Des relations de travail sont établies entre l’IFAN et le CEA/CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique français) avec notamment Jean Le Run, Jacques Labeyrie, Directeur du Centre des Faibles Radioactivités (CFR) et Georgette Delibrias, Directrice du Laboratoire du Radiocarbone du CFR de Gif-sur-Yvette.
Cheikh Anta Diop donne à la salle de mesure des dates le nom de Théodore Monod et le nom de Jean Le Run à celle du traitement chimique des échantillons, en témoignage de reconnaissance à l’éminente personnalité scientifique qui a créé et dirigé l’IFAN (jusqu’en 1965) et à l’un des pionniers du “Carbone 14” en France auprès duquel il s’était formé au “C14”.
À l’exception de celui de la Rhodésie du Sud (aujourd’hui le Zimbabwe), c’est, alors, l’unique laboratoire de Carbone 14 existant en Afrique noire. Les fondations du laboratoire ont été conçues pour supporter un étage supplémentaire car Cheikh Anta Diop avait envisagé dès le début du projet de développer et d’élargir les activités de ce laboratoire qu’il considérait comme le noyau, au sud du Sahara, d’un futur grand centre africain des faibles radioactivités, devant regrouper à terme différentes méthodes de datation. Voir plus

Thématiques

Les principaux thèmes d’intervention définis pour ce colloque sont :
  • l’histoire
  • l’archéologie
  • la religion
  • la culture matérielle
  • la linguistique
  • l’historiographie
  • l’égyptologie dans les cursus académiques en Afrique
  • le colloque d’égyptologie du Caire

Organisateurs :